Le long chemin pour arrêter de fumer

Aug 01, 2023

Abuja, le 6 juin 2023 - Avant 2021, la mise en garde sur les paquets de cigarettes au Nigéria était "Le ministère fédéral de la Santé avertit que les fumeurs sont susceptibles de mourir jeunes". Pourtant, cela n'a pas dissuadé Useni Musa, un résident du Territoire de la capitale fédérale (Abuja), dans le centre-nord du Nigéria, d'essayer son premier bâton de cigarette à 13 ans. À l'âge de 19 ans, il était devenu accro, fumant en moyenne deux paquets par jour.

Useni est un boucher qui vend des brochettes de viande à Dakwo, un quartier informel d'Abuja. Il dit que le charbon de bois qu'il utilise pour griller la viande lui permet de toujours allumer facilement une cigarette. "J'ai fumé pendant environ deux décennies", dit-il.

"J'ai vécu toute ma vie dans un bidonville où j'ai vu différentes personnes fumer des cigarettes et d'autres substances et j'admirais leur style de vie. J'ai commencé à fumer en ramassant des mégots de cigarettes ou en partageant des bâtons avec d'autres. Au moment où j'ai commencé à gagner de l'argent, j'ai commencé acheter mes packs », poursuit-il.

Aujourd'hui âgé de 35 ans, avec femmes et enfants, Useni explique qu'il a arrêté de fumer pour vivre une vie saine et servir de bon exemple dans la société. Il s'est rendu compte que fumer offensait les gens à cause de sa forte odeur et il a arrêté en 2021.

"Dans notre société, fumer est considéré comme mauvais et les fumeurs sont parfois considérés comme des toxicomanes", dit-il.

Mais il prévient que « Arrêter n'a pas été facile. Il faut prendre la décision par soi-même et s'y tenir.

Dans le cas d'Abubakar Umar, ferrailleur et vendeur de thé de l'État de Kastina, il est devenu accro à la cigarette à l'âge de 15 ans.

Abubakar connaissait les conséquences du tabagisme sur la santé et n'aimait pas l'odeur, mais a quand même commencé à fumer en 2008. Il a commencé à prendre cette habitude parce que ses amis fumaient et qu'il voulait être "cool" comme eux. "Je ne suis pas éduqué, mais vous pouvez voir qu'il n'est pas sain de fumer d'après les avertissements et les images sur les paquets de cigarettes.

J'ai été influencé en regardant et en admirant les gens qui fument. Je n'aimais pas ça au début, mais j'ai continué et j'ai commencé à fumer environ 7 à 10 cigarettes par jour. Au départ, je pensais que cela m'aidait en m'apaisant quand je me mettais en colère ou déprimé mais ce n'était pas le cas", explique-t-il.

Abubakar a décidé d'arrêter après 15 ans de tabagisme. "J'ai réalisé qu'il n'y avait aucun gain à fumer et j'ai décidé qu'il était temps d'arrêter."

"Personne ne m'a conseillé d'arrêter. Je pense que les gens peuvent choisir ce qui est le mieux pour eux. Un jour, j'ai essayé de fumer et après trois bouffées, j'ai éteint et j'ai arrêté", raconte-t-il. Il encourage tous ceux qui veulent arrêter de fumer à être déterminés même s'ils rechutent.

Arrêter le tabacL'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare que la consommation de tabac est l'une des principales menaces pour la santé publique à laquelle le monde est confronté.

En Afrique, chaque année, 146 000 personnes meurent de maladies liées au tabac, notamment le cancer, les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, les maladies pulmonaires et les maladies pulmonaires obstructives chroniques, entre autres. Contrairement à Musa et Abubakar, de nombreuses personnes sont dépendantes du tabac mais n'ont pas réussi à arrêter.

"La consommation de tabac est une habitude néfaste qui doit être évitée car elle peut introduire un large éventail de maladies dans l'organisme et a des effets néfastes similaires sur les personnes exposées à la fumée", déclare le Dr Francis Fagbuile, expert en santé publique au University College Teaching Hôpital d'Ibadan, État d'Oyo.

Le Dr Fagbuilde explique que "toutes les formes de tabac sont nocives, et il n'y a pas de niveau d'exposition sans danger.

"Le tabac contient environ 7000 produits chimiques et 40 d'entre eux causent le cancer. Lorsque les fumeurs consomment du tabac, cela met en danger toutes les parties du corps - cancer de la bouche, cancer du poumon, maladies des gencives buccales, et affecte également le cerveau. Il est également associé à l'hypertension et le diabète », dit-il.

Chaque année, le 31 mai, l'OMS et les champions de la santé publique du monde entier se réunissent pour marquer la Journée mondiale sans tabac. La journée est utilisée pour sensibiliser aux effets négatifs sur la santé, la société, l'économie et l'environnement de la production et de la consommation de tabac

Le thème de la commémoration de cette année est « Nous avons besoin de nourriture, pas de tabac ». Soulignant l'importance du thème, le Dr Fagbuile explique que la culture du tabac est nocive pour l'environnement, dangereuse pour les agriculteurs et augmente le risque d'insécurité alimentaire.

"Pour arrêter la culture du tabac, le gouvernement devrait encourager les agriculteurs à planter des produits agricoles alternatifs qui seraient bénéfiques en leur offrant des incitations", dit-il. En outre, le représentant de l'OMS au Nigéria, le Dr Walter Kazadi Mulombo, appelle les gouvernements et les décideurs politiques à créer un environnement propice pour que les producteurs de tabac se tournent vers la culture de cultures vivrières alternatives.

Il explique que par rapport à d'autres activités agricoles telles que la culture du maïs et le pâturage du bétail, la culture du tabac a un impact beaucoup plus destructeur sur les écosystèmes car les terres agricoles du tabac sont plus sujettes à la désertification.

"Dans le monde, on estime que 3,5 millions d'hectares de terres sont utilisées chaque année pour la culture du tabac.

Neuf des 10 plus grands cultivateurs de tabac sont des pays à revenu faible ou intermédiaire et quatre d'entre eux sont définis comme des pays à faible revenu et à déficit vivrier », dit-il.

Efforts de réglementation du tabacPour lutter contre l'usage nocif du tabac, l'OMS aide le gouvernement du Nigéria à formuler et à mettre en œuvre des politiques qui réglementeraient l'utilisation de ce produit mortel.

Il s'agit notamment de renforcer le Comité national de lutte contre le tabagisme et de mener plusieurs activités de sensibilisation et de renforcement des capacités pour différentes parties prenantes, notamment sur les produits du tabac nouveaux et émergents.

En outre, l'OMS, le Center for Disease Control (CDC), la CDC Foundation, le Research Triangle Insitute (RTI) et d'autres parties prenantes soutiennent le pays dans la réalisation de l'enquête mondiale sur le tabagisme chez l'adulte.

L'enquête fournira des données récentes sur le tabac.

L'OMS a aidé le ministère fédéral de la Santé à élaborer et à produire des avertissements sanitaires graphiques (GHW) comme stipulé par la loi nationale de 2015 sur la lutte antitabac et sa réglementation. Depuis 2021, une combinaison de GHW et d'avertissements sanitaires textuels couvrant au moins 50 % de l'emballage est mise en place. Ce chiffre passera à 60 % d'ici 2024.

Contacts techniques :

Dr Msyamboza Kelias ; Courriel : msyambozak [at] who.int>

Dr Mary Dewan; Courriel : dewanm [at] who.int

Tél : +234 810 221 0093 E-mail : warigonc [at] who.int